Niger : Les engrais seront désormais vendus par les privés.

Longtemps placés sous la responsabilité de l’Etat avec la Centrale d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles (CAIMA), les engrais deviennent ainsi la chasse gardée des opérateurs privés à travers l’Association nigérienne des importateurs et distributeurs des engrais (ANIDE).

Nigerfocus le 17 septembre 2020 : Le gouvernement nigérien s’est désengagé de l’importation et la distribution des engrais avec la modification de la l’ordonnance portant création de la CAIMA selon le communiqué du Conseil des ministres de ce mercredi 16 septembre 2020.

 « L’analyse de la performance du système des engrais a mis en évidence des insuffisances dont, notamment, le coût élevé de l’importation et de la distribution des engrais, les prix trop élevés en dépit de la subvention et la livraison des engrais en retard et en quantités insuffisantes. » explique le gouvernement dans le communiqué.  

Pour le gouvernement, « la réforme envisagée vise à améliorer sensiblement la disponibilité et l’accessibilité des engrais à la hauteur des besoins de l’agriculture nigérienne. ».   

Au Niger, La production agricole est devenue de plus en plus dépendante des aléas climatiques et les sols sont de moins en moins fertiles. « Les terres agricoles perdent en moyenne 377 000 tonnes d’éléments nutritifs qui ne sont pas compensés par manque de disponibilité d’engrais et d’accessibilité à ce produit. » estime le gouvernement.

Le Niger, parent pauvre de l’utilisation des engrais en Afrique

Selon le plan de réforme des engrais au Niger adopté en 2018, l’utilisation des engrais est très faible (environ 3 kg/ha), ce qui est bien inférieur à la moyenne continentale (environ 12 kg/ha) qui est nettement insuffisante pour une production agricole efficace et efficiente.

Un rapport du Fonds des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture publié en 2001 estime que les maraîchers notamment les producteurs de légumes et d’oignons sont les principaux utilisateurs des engrais au Niger. Entre 80 et 84% d’entre eux, améliorent leurs productions avec de l’engrais.  Ils sont suivis par leurs collègues produisant du riz (60%), du sorgho (35%). Le taux le plus faible est observé au niveau des cultures pluviales particulièrement le mil (1%), le sorgho (5%) et le niébé (3%).

« Toutes les initiatives qui ont pour but la modernisation de l’agriculture, ne sauraient porter leurs fruits, sans une réforme probante du système des engrais. » reconnaît le gouvernement dans le communiqué de ce mercredi 16 septembre 2020.

Plusieurs actions pour arriver à la réforme.

Cette réforme est un processus qui a démarré en 2018 avec l’organisation de plusieurs fora mais aussi avec la mise en place de plusieurs structures comprenant des importateurs et des utilisateurs du secteur de l’engrais au Niger.

« Notre souhait est que les engrais suivent la même évolution comme qu’ont connu beaucoup d’autres produits de grande consommation une fois leurs secteurs libéralisés. », a estimé en octobre dernier lors du forum sur la réforme du secteur de l’engrais, Annou Maman, Directeur général de Millénium challenge account.  

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 « Si le gouvernement accomplie son travail et que le secteur s’acquitte de sa tâche comme prévu, nous pouvons doubler la consommation d’engrais  d’au moins 6Kg/ha/an. Et nous nous mettons au défi d’améliorer cela chaque année. », a indiqué pour sa part Kristin Penn, directrice générale de Millenium challenge corporation.

Avec cette décision du gouvernement de se désengager de la commercialisation de l’engrais, les espoirs sont permis pour les agriculteurs pour un accès plus rapide aux produits.

Balima Boureima (Nigerfocus.com)