Fermeture de l’ambassade de France au Niger: Une victoire du peuple nigérien (acteur de la société civile).

Nigerfocus le 3 janvier 2023: “Le Niger doit fermer son ambassade en France au nom de la réciprocité”, a estimé le secrétaire général du Front patriotique pour la souveraineté, Anassa Djibrilla, suite à la décision de Paris de fermer son ambassade au Niger. 

Hier mardi, dans un communiqué publié en milieu de journée, le ministère français des affaires étrangères a indiqué que “l’ambassade de France au Niger est fermée jusqu’à nouvel ordre“. 

Le Quai d’Orsay évoque “des entraves rendant impossible l’exercice de ses missions : blocus autour de l’ambassade, restrictions des déplacements pour les agents et refoulement de tous les personnels diplomatiques qui devaient rejoindre le Niger, en violation évidente de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques“.

Pour l’acteur de la société civile, coordonnateur du Front patriotique pour la souveraineté, Maikoul Zodi, “C’est une victoire du peuple nigérien” puisque la France a eu des “comportements paternalistes vis-à-vis du peuple nigérien”.  

Nous n’avons jamais dit que nous n’avons pas besoin de la coopération mais nous voulons d’une coopération qu’on nous respecte, une coopération gagnant-gagnant”, a indiqué Maikoul Zodi. 

Depuis le coup d’Etat du 26 juillet ayant évincé Mohamed Bazoum élu en 2021, les relations entre la France et le Niger se sont détériorées. Paris estime ne pas reconnaître les militaires regroupés au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Ce qui a conduit à la dénonciation des accords militaires et le départ du Niger des 1 500 soldats stationnés dans la cadre de la lutte contre le terrorisme. 

Cette ambassade aurait dû être fermée depuis fort longtemps par nos autorités. Nous avons demandé à l’Etat du Niger de rompre tout rapport politique et économique avec la France, jusqu’à ce qu’il ait des nouvelles autorités qui puissent comprendre le sens de notre combat et traiter d’égal à égal avec nous”, martèle, pour sa part, Abdoulaye Seydou, coordonnateur M62, un mouvement qui milite pour le départ de toutes les bases militaires étrangères du Niger.  

Le départ des entreprises françaises 

Le Niger et le Mali ont dénoncé les accords fiscaux avec la France. Désormais toutes les sociétés françaises opérant au Niger et au Mali doivent payer les impôts au même titre que les entreprises locales. Pour le coordonnateur de M62, le Niger doit aller au-delà en dénonçant les accords dans le domaine minier notamment l’uranium où la multinationale Orano exploite dans le Nord du pays, une des plus grandes mines d’uranium depuis plus de 40 ans.   

Nous estimons que l’Etat du Niger doit purement et simplement retirer le permis d’Imouraren [NDLR: mine d’uranium situé à Arlit] qui est un permis qui est détenu illégalement parce que l’exploitation aurait dû commencer depuis 2012”, explique Abdoulaye Seydou du M62.

Pour Ban Ibrahim, “la France ferait mieux de mettre un terme aux contrats léonins qu’elle a imposée à notre pays depuis bientôt 60 ans. Ce serait quand même juste pour le peuple nigérien qu’en partant avec son ambassade, que la France parte aussi avec ses entreprises qui exploitent notre pays depuis fort longtemps”. 

En fermant son ambassade au Niger, la France s’isole de plus en plus du Niger. La question qui reste posée que ferait la France de l’ancienne ambassadrice du Niger en France qui depuis l’arrivée du CNSP refuse de vider les lieux malgré sa révocation. 

BB (www.nigerfocus.com