Libération de Sophie Pétronin : ce que l’on sait des négociations

Dans cet article signé du site ouest-France.fr, il a été fait le point de différentes négociations entre les groupes des terroristes et les autorités maliennes, françaises et italiennes pour la libération des otages.

Sophie Pétronin, 75 ans, a déclaré être « en pleine forme », jeudi 8 octobre, à son arrivée, dans la soirée, à Bamako. « Je me suis accrochée, j’ai tenu, j’ai beaucoup prié parce que j’avais beaucoup de temps. Je me suis promenée, j’ai bien mangé, j’ai bien bu, de l’eau fraîche hein ! » a-t-elle ajouté. Mais quel est l’état de santé réel de cette humanitaire qui aura été retenue prisonnière près de quatre ans dans des conditions précaires ? Elle avait été enlevée le 24 décembre 2016, à Gao (au nord du Mali). En novembre 2018, une vidéo d’elle, envoyée par les ravisseurs, avait fait craindre le pire à ses proches sur son état de santé. « Elle va bien, mais étant donné son âge, elle est fatiguée », a nuancé Ousmane Issouffi Maïga, ancien Premier ministre malien, qui dirigeait la cellule de crise mise en place par les autorités maliennes, en mars, pour mener les négociations. Vendredi 9 octobre, à son arrivée à l’aéroport militaire de Villacoublay, Sophie Pétronin n’a pas souhaité s’exprimer.

Qui sont les trois autres otages libérés ?

Soumaïla Cissé, 70 ans, opposant à l’ancien président déchu, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), avait été enlevé le 25 mars 2020 alors qu’il faisait campagne, à l’occasion des élections législatives dans la région de Tombouctou (nord-est du Mali). Trois fois candidat à l’élection présidentielle, il était arrivé deuxième à deux reprises.

Pier Luigi Maccalli, un religieux installé depuis onze ans au Niger, avait été enlevé en 2018 à son domicile de Bamoanga (sud-ouest du Niger), proche du Burkina Faso. Et Nicola Chiacchio, jusqu’alors inconnu, avait été enlevé dans le nord du Mali, en février 2019, alors qu’il voyageait à vélo électrique, selon La Stampa.

Que sait-on des négociations ?

L’enlèvement de Soumaïla Cissé a sans doute poussé les autorités maliennes à s’investir plus fortement dans les négociations. Ousmane Issoufi Maïga, qui les supervisait, reconnaît qu’au départ « il ne connaissait pas les ravisseurs. Il a d’abord fallu les identifier et établir le contact. Cela a pris du temps. » Les otages étaient aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance de groupes djihadistes du Sahel qui ont prêté allégeance à Al-Qaïda.

Le maire de Koumaira (dans la région de Tombouctou), qui négocia un temps avec les ravisseurs, fut lui-même enlevé durant quelques jours au printemps. « Même ce maire n’a pas su dire où il a été retenu. Lui et d’autres compagnons avaient les yeux bandés et devaient changer de lieu régulièrement », précise Demba Traoré, porte-parole de l’URB, le parti de Soumaïla Cissé.

Autres interrogations : quel a été le rôle joué par les nouvelles autorités de transition au Mali dans ces négociations ? Quelle part y ont prise les autorités françaises ? « L’essentiel des négociations a été mené par les autorités maliennes, assure Ousmane Issoufi Maïga. Personnellement, je n’ai jamais rencontré les services français. Mais vous savez, beaucoup de forces étrangères sont présentes au Mali. Et les services de renseignement de ces pays ont des connexions entre eux. »

Seule certitude, les autorités maliennes ont accepté de libérer plusieurs dizaines de djihadistes présumés ou condamnés pour faciliter la libération des quatre otages occidentaux et malien. Combien ? Au moins 200, selon plusieurs sources.

Pourquoi tant d’incertitudes depuis lundi ?

D’après un communiqué des autorités maliennes, Sophie Pétronin, Soumaïla Cissé et les deux otages italiens ont été libérés depuis mardi. « Ils étaient retenus très loin dans le désert, où il n’est pas facile de circuler », avance comme explication Ousmane Issoufi Maïga. Mais selon Lassina Niangaly, journaliste malien, fondateur du site Le Jalon, « les djihadistes auraient voulu vérifier l’identité précise des quelque 200 prisonniers libérés. Ce qui a pris un peu de temps ».